• Poésie

    Enclume

    Le reflux de mes larmes,

    Qui reflète ici-bas,

    Le chaos et le drame,

    De mon cœur lourd et las.

    *

    Sur ma tête une enclume,

    Abandonnée gît là.

    Recouverte d’écume,

    Rongé de cancrelats.

    *

    Le poids de mon chagrin,

    Terriblement écrase,

    L’espoir du lendemain,

    Qui brusquement s’embrase.

    *

    Du poison noir suppure,

    Hors de la plaie béante.

    Souillant mon âme pure,

    Perdue dans la tourmente.

  • Poésie

    Réminiscence

    De nos cœurs qui convolent,

    Paisiblement s’envolent,

    Brûlants chardons ardents

    et coutelas tranchants.

    *

    Ce souvenir tenace,

    Qui jamais ne s’efface.

    Réminiscence aiguë,

    D’une étreinte ténue.

    *

    Ton corps nu alangui,

    Fantôme de mes nuits.

    S’immisce avec délice,

    Dans mes terribles vices.

    *

    Transpercée de douleur,

    De silence et de peur.

    Je suis ensorcelée,

    A jamais capturée.

  • Bribes

    Folie douce

    Dans les ténèbres, j’avance, silencieuse et brave, le cœur enrubanné de solitude. Les combats se succèdent sans fin et inéluctablement les jours se meurent les uns après les autres. Pas âme qui vive à l’horizon, personne ne viendra à mon secours. Bientôt mes cris se font muets, mes larmes tarissent et résignée, je contemple les ruines du champ de bataille. Le regard vide, je regarde froidement le chaos de l’existence sans y prendre part. Comme je hais ce vide qui engourdie mon esprit, me bâillonne et m’épuise. Comme j’exècre cette écrasante normalité…

    Douce folie qui sommeille en moi, si tu savais comme je chérie les songes improbables que tu murmures à mon oreille. Aie pitié de moi et que brillent à nouveau dans l’immensité du ciel les tourbillons de lumières scintillantes, que jaillissent mes larmes par torrents et que mon cœur exulte de bonheurs cruels et de peines dévastatrices.

    Soit mienne, grandiose folie, car je me languis de ces élans de désirs qui me consument avec violence. Puisse me harceler à nouveau les mille délicieux tourments de la vie.

  • Bribes

    Rose

    Hérissée d’épines acérées, bordée de tendre verdure et constellée de rosée, une fleur s’ouvre dans l’air frais du matin. Sa silhouette fine et ciselée découpe dans le ciel outremer, une trouée d’un rose éclatante.

    Du cœur de la fleur entrouverte, s’échappent en silence des notes entêtantes qui m’enveloppent toute entière. Dans ses fragiles pétales, je retrouve avec délice la douceur de ta peau et le souvenir du parfum qui se cache au creux de ton cou. Avec précaution, je soulève le lourd couvercle qui scelle âme et emprisonne mon esprit. Je ferme les yeux et lentement, je m’abandonne au dangereux plaisir de ressentir.

    Lumineux comme un jour d’été, léger comme une brise tiède, mon cœur palpitant explose alors d’une tendresse infinie. Teintées d’une belle et délicate mélancolie, mes plus douces pensées s’envolent vers les cieux, libres comme des oiseaux.

    Une rose pour ma Rose.

  • Bribes

    Le pardon

    Emmurée vivante à l’intérieur de moi même, coupée du monde par une frontière invisible, j’attends. Les minutes s’égrainent, les heures passent, les jours défilent. Pas âme qui vive… Personne ne passera jamais les lourdes portes ma prison et pourtant, l’espoir refuse de s’éteindre, la vie s’accroche, tenace. Assise dans l’immensité du néant, je converse doucement avec moi même. Condamnée à perpétuité, de mon premier cri jusqu’à mon dernier souffle, la sentence est immuable. Délicatement, je tends la main vers une ombre recroquevillée. Je l’effleure du bout des doigts, elle tressaille. Je t’ai perdue il y a si longtemps déjà, étrange petite fille, que ton sourire est tombé dans l’oubli. Abandonnée dans le noir, des années durant, au milieu des ombres et des démons, tu as lutté seule pour survivre. D’un revers de la main, j’ai balayé les larmes silencieuses de ta détresse qui roulaient sur ma joue. Puisses-tu un jour me pardonner, d’avoir eu peur de toi ?

  • Catharsis

    Morceau choisi

    La pluie froide et drue, lentement se glisse et s’insinue. Sournoise, rebelle, elle me murmure à l’oreille des mots d’angoisse, nourrit mes peurs et assombrit mes pensées. Sans rage, sans passion, le coutelas s’abat. Froidement disséqué, mon cœur désincarné s’éparpille sur le sol immaculé. J’observe les morceaux irréguliers, les caresse, les palpe, les soupèse. Je croque le plus juteux et du sang tiède gicle dans ma bouche. Je mastique bruyamment la chair crue, encore palpitante, qui grince, spongieuse, sous mes dents. Le liquide pourpre dégouline sur mon menton et se mêle tendrement à la pluie fine. A mes pieds ruissellent bientôt les volutes rosies et tortueuses du fantôme de mon chagrin. Je lèche mes doigts rougis, je tête avidement mes ongles jusqu’à faire disparaître la toute dernière goutte du suc métallique et ferreux. Rageusement, la pluie redouble de violence et me brouille la vue. J’éclate d’un rire tranchant. Tu ne peux plus rien contre moi…

  • Spleen

    L’envol

    Comme oses-tu, bourreau, piétiner mes sentiments de cette insouciante allégresse, ignorer mes larmes brûlantes et rester sourd aux tourments qui me déchirent ? Réclame ton dû, Priape, et admire le spectacle ! Dans un bruissement d’étoffe, la danse macabre et grotesque déploie ses ailes. Le cœur vide, je m’abandonne et assiste impuissante à l’agonie de mes sentiments. Le râle pesant de ton égoïsme bourdonne à mes oreilles. Replié au plus prodond de mon être, à l’abris des regards, mon esprit s’échappe de sa prison charnelle et dans l’infini étoilé, je m’envole, enfin libre.

  • Spleen

    Etincelle

    Mon corps est lourd, mon cœur est las. Ma tête encore embrumée des songes de cette trop courte nuit flotte parmi les ombres. L’esprit vide, je hante les limbes de ma conscience, tel un spectre à l’existence indécise. Les rubans noirs de la nuit s’attardent, folâtrant quelques instants encore dans la lumière naissante de l’aube. Un nouvelle étincelle de vie jaillit et mon cœur lentement se consume. Que le bonheur est cruel.

  • Bribes

    Azur

    Dans l’immensité du ciel azur, tintent joyeusement de minuscules cristaux de glace. Leurs arrêtes, affûtées comme de fines lames tranchantes, lacèrent le bleu uniforme de la toile du monde. Je sens leur pointes aiguës effleurer ma peau nue, tandis que le soleil du matin se fait timidement caressant. Mon esprit chavire, tourbillonne, mes sens pétillent et dans un souffle de vie, mon cœur brusquement s’éveille. Autour de moi, c’est l’univers tout entier qui scintille.

  • Spleen

    La tempête

    Les lames aiguisées et tranchantes de mes pensées dansent et m’assaillent, lacérant maladroitement ma chair et mutilant en silence les profondeurs de mon âme. Amputée de la dernière lueur d’espoir, je m’abandonne toute entière au chagrin, car une fois encore, la vacuité de l’existence a pris le dessus. Sombre comme un ciel d’orage, mon esprit embrumé a cessé la lutte : dans la noirceur des ténèbres, des larmes écarlates et poisseuses roulent sur mon cœur meurtri. J’écarte les bras et te serre contre moi avec la tendresse d’une mère et je t’accepte enfin, oh désespoir. Je t’accueille tout entier. Emporte-moi au loin, réduit mes os en poussières et libère moi dans le vent, pour que ne subsiste après moi qu’une éblouissante et meurtrière tempête de sable blanc.