Bribes

Le pardon

Emmurée vivante à l’intérieur de moi même, coupée du monde par une frontière invisible, j’attends. Les minutes s’égrainent, les heures passent, les jours défilent. Pas âme qui vive… Personne ne passera jamais les lourdes portes ma prison et pourtant, l’espoir refuse de s’éteindre, la vie s’accroche, tenace. Assise dans l’immensité du néant, je converse doucement avec moi même. Condamnée à perpétuité, de mon premier cri jusqu’à mon dernier souffle, la sentence est immuable. Délicatement, je tends la main vers une ombre recroquevillée. Je l’effleure du bout des doigts, elle tressaille. Je t’ai perdue il y a si longtemps déjà, étrange petite fille, que ton sourire est tombé dans l’oubli. Abandonnée dans le noir, des années durant, au milieu des ombres et des démons, tu as lutté seule pour survivre. D’un revers de la main, j’ai balayé les larmes silencieuses de ta détresse qui roulaient sur ma joue. Puisses-tu un jour me pardonner, d’avoir eu peur de toi ?