• Bribes

    Sur le rivage

    Ce matin, sur le rivage de ma conscience, déferlent lentement de puissantes vagues d’espoir. Le clapotis de l’eau teintée de larmes, encore chargé du chagrin de la tempête, résonne doucement dans le silence de mon esprit. Un parfum d’éternité flotte dans l’air. Je ferme les yeux, j’écoute la caresse éblouissante du vent tiède qui m’enveloppe. Mes sens et mon âme s’entremêlent et, à l’unisson, laissent échapper un cri muet d’une rare violence : je suis. Les premiers rayons de l’aube effleurent tendrement la surface luisante de l’eau claire, où scintillent un millier d’étoiles éphémères. Le jour se lève.

  • Bribes

    Tic-tac

    Le martèlement lourd du temps qui assassine implacablement les secondes résonne dans ma tête. Plus âme qui vive. La nuit est d’encre. Je suis fatiguée. 

    Mon coeur est lourd, englué dans un épais goudron noir qui l’étouffe. A chaque instant il lutte, s’accordant maladroitement aux tambours du temps pour battre sa funeste mesure. Les dissonances qui s’étirent me déchirent. J’ai froid.

    Ma tête est lourde, écrasée par le poids des questions, embrumée par les larmes. Mes mains glacées dansent sur le clavier, irréelles, légères et transparentes… deux spectres dans la nuit noire et silencieuse. J’ai peur.

    Tic-tac, le temps s’écoule.

    Tic-tac, la vie s’envole.

    Tic-tac… c’est déjà trop tard.

  • Spleen

    37 ans

    Avale moi, belle nuit d’encre, fait moi sombrer dans les profondeurs silencieuses des ténèbres et disparaître à jamais. Plus de pleurs, plus de cris, pas même un dernier soupir, car dans l’immensité de l’abîme règne un calme absolu : ni tempêtes, ni tourments et à perte de vue, le néant. Brûle jusqu’aux cendres le chiffon noirci de mon âme endolorie, resserre cet étau qui m’oppresse jusqu’à réduire en poussière le morceau de charbon qui gît là ou jadis battait un cœur. Change-moi pierre et scelle de ce lourd couvercle le tombeau ou repose mon éternelle désillusion. En ce jour où je suis née, l’implacable couperet de la solitude arrache, une fois encore, un des derniers fragments d’espoir…

  • Poésie

    Euterpe

    Pianoter sur ton cœur,

    Des notes de bonheur.

    *

    Aux accords discordants

    De tes sanglots d’antan,

    Se mêlent instamment,

    Les rires du présent.

    *

    Trop longtemps assoupie,

    Belle Euterpe endormie.

    Ravivée d’un soupir,

    Tu trembles de désir.

    *

    Au calme de la nuit,

    A tout jamais unies.