Spleen

37 ans

Avale moi, belle nuit d’encre, fait moi sombrer dans les profondeurs silencieuses des ténèbres et disparaître à jamais. Plus de pleurs, plus de cris, pas même un dernier soupir, car dans l’immensité de l’abîme règne un calme absolu : ni tempêtes, ni tourments et à perte de vue, le néant. Brûle jusqu’aux cendres le chiffon noirci de mon âme endolorie, resserre cet étau qui m’oppresse jusqu’à réduire en poussière le morceau de charbon qui gît là ou jadis battait un cœur. Change-moi pierre et scelle de ce lourd couvercle le tombeau ou repose mon éternelle désillusion. En ce jour où je suis née, l’implacable couperet de la solitude arrache, une fois encore, un des derniers fragments d’espoir…