Oulipo

La phrase la plus longue…

À supposer que cette réflexion capillotractée mène quelque part, et qu’en cours de route je ne me perde pas moi-même comme à l’accoutumée dans les méandres sinueux de la pensée arborescente qui foisonne ça et là, explosive et incontrôlable, dans les plis et replis de mon petit cerveau éhontément complexe, il se peut que par un heureux hasard, j’arrive à entraîner dans mon sillage quelques lecteurs avides, avaleurs pathologiques de mots de toute sorte, passablement fous et surtout curieux de découvrir jusqu’où le cheminement d’une telle réflexion débridée, sauvage et impulsive, pourrait réellement conduire la poignée d’êtres pensants, plus irrationnels que rationnels et plus irréfléchis que réfléchis, que nous serions ainsi devenus au cours de ce périple littéraire épique, ce voyage mystique à la lisière de la conscience et de la folie dans lequel le quidam ordinaire n’aurait d’autre choix que de s’avouer vaincu, terrassé par l’ampleur de la tâche que constitue la mise en mémoire d’une pensée organique à ce point désarticulée, démantibulée, qui coule et qui s’écoule lentement le long des derniers fragments de logique qui pavent habituellement les esprits sains, ou tout du moins dans ce cas précis, des esprits grandioses et torturés en quête de vérité, de savoir et de connaissances des voyageurs de la pensée que nous sommes désormais devenus et que je crois enfin pouvoir rassasier, en un mot et un seul, par la simple réponse à cette question existentielle qui nous taraudent tous et qui ne saurait être autre, vous l’aurez deviné, que ce sacro-saint postulat numérique d’une valeur éminemment exacte de quarante-deux.

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